Longs cheveux - Lauryne.

Note : N’ayant pas d’inspiration en ce moment, j’ai demandé à plusieurs personnes de mon entourage de me donner chacune une phrase, et un groupe nominal. A partir de ça, je vais écrire des histoires dont le titre sera le groupe nominal de chacun. A chaque écrit, je devrais placer la phrase donnée. Le groupe nominal et la phrase pouvant n’avoir aucun lien, l’histoire doit, elle, avoir un sens.

Je commence par une amie très proche, Lauryne.
Groupe nominal – Titre : Longs cheveux.
Phrase : Les fourmis dansent.

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Je regarde défiler les nuages au-dessus de ma tête. Certains ont une forme qui ne ressemble à rien, d’autre ont des formes qui rappellent des choses. Par exemple, il y a quelques minutes, j’ai vu un arbre en forme de banane. Encore plus tôt, j'ai vu un nuage en forme de chat. Souvent, quand on voit une forme dnas un nuage, au bout de quelques minutes le nuage ne ressemble plus à rien car il se déforme. Oh, et là un nuage qui ressemble à un crocodile ! C’est assez aléatoire comme forme, et ça dépend de la perception de chacun. Personnellement, j’adore m’imaginer un paquet de dessins dans les nuages. C’est d’ailleurs ce qui m’inspire quand je manque d’imagination pour mes dessins. Je viens souvent dans cet arbre, où je suis assise en ce moment même. L’avantage, c’est qu’on est au printemps. Il ne fait ni trop froid, ni trop chaud, et les journées sont assez longues. Je grimpe avec mon sac à dos et je m’assois sur ma branche en forme de siège. Elle est assez haute, mais pas trop non plus. A partir d’une certaine hauteur je commence à avoir le vertige. En tout cas elle est assez haute pour avoir la vue sur le champ, et le village, au loin. Une fois sur ma branche, je sors mon carnet de mon sac, ma trousse, ma bouteille d’eau, et mon téléphone. Dernière étape, je détache mes cheveux, et je les regarde tomber au sol.

C’est vrai que ça peut paraitre étonnant comme ça, mais j’ai les cheveux très longs. J’ai même un prix pour ça : J’ai officiellement les cheveux les plus longs du monde. Ils mesurent 7.56 mètres. Certes, c’est beaucoup d’entretien, extrêmement chiant le matin, et même pour dormir la nuit, mais pour l’instant je ne les coupe pas. Parfois j’en ai envie, car en réalité c’est assez handicapant. Je dois me restreindre de faire certains sports, ou certaines activités, à cause de mes cheveux. J’ai souvent envie de les couper, mais je n’ose jamais. 7.56 mètres c’est pas rien, c’est un record ! Et puis il y a pleins de choses cool avec des cheveux longs : J’adore sentir leur poids à l’arrière de mon crâne quand ils sont attachés, et par-dessus tout j’adore les détacher et les regarder tomber le long de l’arbre. En plus, ils peuvent servir d’écharpe l’hiver.

Pour en revenir à mon dessin, je n’ai toujours pas d’inspiration, et autant on peut écrire sur rien, mais on ne peut pas ne rien dessiner. Il faut au moins un objet de base. Ce n’est pas la première fois que ça m’arrive, et c’est d’ailleurs pour ça que je suis ici. Je viens me percher dans cet arbre chaque fois que je suis en panne d’idée, ce qui m’arrive assez souvent. J’ai peur de toujours dessiner la même chose, et je ne trouve pas ça intéressant. J’aimerais faire beaucoup de diversité de dessin, mais c’est vrai qu’on se base beaucoup sur nos acquis et qu’on n’ose pas essayer plus que ce qu’on fait déjà. Et ce n’est pas vrai que pour le dessin finalement, c’est vrai pour tout.

Je continue de balancer et faire danser mon crayon dans tous les sens, quand une fourmi capte mon attention.

« Salut toi. »

Elle marche sur mon carnet, et je la regarde se faufiler entre les traits de mon dessin de d’hier.

« Tu cherches quelque chose ? »

Elle revient sur la page vierge. Une seconde fourmi fait son apparition sur la page vierge. Je les regarde agir se suivre. La première monte même sur la deuxième, puis redescend sur ma page vierge. Puis une troisième fourmi se joint au groupe.

« Mais d’où vous venez comme ça ? »

Puis je me tais, comme si j’attendais une réponse, alors que je sais que les fourmis ne parlent pas. Je ne suis pas encore folle. Une quatrième, et une cinquième arrivent. Finalement, c’est toute une colonie qui m’envahi. Je ne bouge pas et je les regarde agir. Elles forment une queue leu leu et se suivent toutes. C’est presque une danse. Presque, ou pas, on peut appeler ça comme ça, c’est vraiment ressemblant. Il ne manque que la musique. Les fourmis, je trouve ça fascinant. On peut les comparer à des mini sociétés. Elles suivent un même chemin, un même but. Elles travaillent et transportent des petits bouts de nourriture pour subvenir à leurs besoins. Et comme dans toute société, il y a des rangs, et des failles. Peut-être que certaines d’entre elles n’ont pas toujours à manger, ou ne se reproduisent pas toujours. En suivant la file indienne qu’elles forment, je me rends compte qu’elles viennent de mon bras, puis de mes cheveux. Woah, en fait elles viennent du sol, grimpent par mes cheveux, passent sur mon bras, et atterrissent sur ma page. Je trouve ça trop chou, ça ne m’était jamais arrivé avant, et pourtant je viens beaucoup ici. Je pose alors mon crayon sur la surface du papier, et je me mets moi aussi à suivre cette file de fourmis, qui ondule dans tous les sens sur le papier. Les fourmis dansent. Elles s'amusent sûrement.

Au bout de quelques minutes, elles finissent pas redescendre de la page, et de l’arbre, comprenant qu’elles ne trouveront rien à manger ici. Je lève mon stylo, et j’essaye de deviner ce que je pourrais dessiner à partir de ces traits. Aucune idée ne me vient, c’est juste un trait qui part dans tous les sens. Je pense que je dessinerais juste des fourmis suivant ce trait. Peu importe ce que ça représente, ces fourmis auront laissé un impact dans ma vie : Un dessin. Elles auront eu un impact dans ce monde. Chaque petite fourmi a participé à créer un dessin, car si elles n’avaient pas été nombreuses, peut-être que je ne les aurais pas suivies avec mon crayon. Une fourmi qui a un impact sur quelque chose d’aussi grand qu’un dessin, c’est incroyable.

Moi aussi j’aimerais bien avoir un impact à grande échelle. J’aimerais avoir un impact sur cette terre. Je sais que j’en ai déjà un, comme chaque être humain, en a un. Mais les impacts de ce genre ne durent que rarement dans le temps. Qui se souviendra de moi quand je serais morte ? Sûrement pas mal de monde. Qui se souviendra de moi quand je serais morte depuis plus de 100 ans ? Sûrement personne. Ce n’est pas ce que je veux. A part marquer l’histoire, je ne vois pas comment marquer le temps, parce que finalement les deux sont liés. Si mes dessins durent, peut-être que je durerais aussi. Et si je marquais l’histoire d’un record de cheveux les plus longs du monde ? Mof. Ce n’est pas intéressant, et ce sera sûrement un record battu assez vite. Et puis mes cheveux mourront sûrement avec moi. Ce n’est pas ce que je veux, je veux une marque durable. Comme ces fourmis sur le papier.
Après quelques dizaines de minutes, je sors de ma trousse une paire de ciseaux. Je prends tous mes cheveux d’une poignée bien ferme. Je descends ma poignée au niveau des seins, ce qui est déjà pas mal en termes de longueur de cheveux, puis je coupe juste au-dessus de mes doigts. Je sens un poids énorme s’enlever à ma tête. Une fois coupés, je prends mes cheveux, que je tresse. Une fois tressés, ils doivent faire approximativement 5.50 mètres. Puis je prends ma tresse, que je noue autour de ma branche. Je regarde ma tresse descendre le long du tronc. Elle touche presque le sol. Et dire que j’ai pris cette décision en regardant des fourmis. Je range mes affaires, descend de l’arbre et contemple mon œuvre.

Elle est là ma marque.


Pour Lauryne.

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